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Définition de l'opprimé, Christiane Rochefort


Différentes versions de Définition de l'opprimé peuvent être trouvées en ligne, sur des sites personnels ou militants. Il est heureux que le texte se soit transmis de la sorte, mais d'une version à l'autre, il existe des divergences voire des ajouts. Nous reproduisons ici la version originale telle que parue en 1971, sans les adaptations que nous avons pu réaliser pour son édition imprimée.

Pour améliorer la lisibilité sur écran, nous avons transformé les simples retours à la ligne en sauts de ligne.

Il y a un moment où il faut sortir les couteaux.

C’est juste un fait. Purement technique.

Il est hors de question que l’oppresseur aille comprendre de lui-même qu’il opprime, puisque ça ne le fait pas souffrir : mettez-vous à sa place.

Ce n’est pas son chemin.

Le lui expliquer est sans utilité.

L’oppresseur n’entend pas ce que dit son opprimé comme un langage mais comme un bruit. C’est dans la définition de l’oppression.

En particulier les « plaintes » de l’opprimé sont sans effet, car naturelles. Pour l’oppresseur il n’y a pas oppression, forcément, mais un fait de nature.

Aussi est-il vain de se poser comme victime : on ne fait par là qu’entériner un fait de nature, que s’inscrire dans le décor planté par l’oppresseur.

L’oppresseur qui fait le louable effort d’écouter (libéral intellectuel) n’entend pas mieux.

Car même lorsque les mots sont communs, les connotations sont radicalement différentes. C’est ainsi que de nombreux mots ont pour l’oppresseur une connotation-jouissance, et pour l’opprimé une connotation-souffrance. Ou : divertissement-corvée. Ou : loisir-travail. Etc. Allez donc causer sur ces bases.

C’est ainsi que la générale réaction de l’oppresseur qui a « écouté » son opprimé est, en gros : mais de quoi diable se plaint-il ? Tout ça, c’est épatant.

Au niveau de l’explication, c’est tout à fait sans espoir. Quand l’opprimé se rend compte de ça, il sort les couteaux. Là on comprend qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Pas avant.

Le couteau est la seule façon de se définir comme opprimé. La seule communication audible.

Peu importent le caractère, la personnalité, les mobiles actuels de l’opprimé.

C’est le premier pas réel hors du cercle.

C’est nécessaire.

Christiane ROCHEFORT


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